mardi 23 juin 2015

Labuanbajo, plongée dans le parc national de Komodo

21-24 juin

Labuanbajo, première ville que l'on rencontre sur la côte ouest de Flores, et la dernière ėtape de mon exploration de l'est indonésien.
Une ville sans réel charme, mais ce qui attire les gens ici n'est pas visible de la surface.
On y trouve une collection de clubs de plongée, beaucoup tenus par des expatriés qui s'excusent presque de vivre ici, mais promettent que les fonds marins justifient ce choix.
A la surface les couchers de soleil y sont néanmoins magnifiques.



Vue sur la baie, et les tentes de ma guesthouse, les prix sont élevés ici, ainsi j'opte pour ce mode semi-camping. 




L'endroit a été créé par un sicilien qui raconte avoir "retrogradé", selon ses propres mots. Après un gros accident, des mois d'hospitalisation, des doutes sur le fait de pouvoir marcher de nouveau... il abandonne son ancienne vie de publicitaire, son rythme effréné et la pression. Il découvre l'Asie et d'autres approches de soin, il parle de la méditation contre la douleur... Aujoud'hui il chine, design, bricole dans son nouvel univers : Bajo View, la vue y est en effet magnifique.

Repas traditionnel au warung, qui signifie restaurant en Indonésien.


Au warung je retrouve Joseph et Louise, nous étions sur le même bateau mais nous n'avions pas fait connaissance.
Une fois de plus je constate que je me fais avoir par les apparences, Joseph est guérisseur !
Il a quitté une vie de chimiste, il était notamment fournisseur pour l'industrie cosmétique, notamment le géant L'Oréal. Il se découvre un don, une intuition et assume sa différence avec le soutien de son entourage.
Louise est kinésithérapeute et souhaite s'initier à la médecine indienne, elle souhaite se détacher de l'approche du soin aujourd'hui imposée par les exigences de rentabilité du cabinet pour lequel elle travaille.
Après leurs trois mois de voyage, Joseph prévoit de partir sur les chemins de Compostelle avec ce qu'il a à offrir, à qui voudra.


Je les embarque au camping Bajo View.

_____________________

PLONGÉE

Deux jours et cinq plongées avec Flores Diving Center.
Je suis surprise de voir que de nombreux accompagnateurs sont français et très jeunes. La formation de divemaster est en fait très rapide et certains centres la font passer sans avoir à la payer, contre échange de service d'accompagnement de clients pendant 3 mois. Le système est en effet séduisant et permet de plonger encore et encore.

A mon carnet de plongée : 
Sebolon Besar - 17,3 m - 52 min - 29° - visibilité à 15 m
Sebolon Kecil - 17,9 m - 50 min - 29° - visibilté à 15 m
Seraya - 18 m - 45 min - 29° - visibilté à 10 m
Siabar Besar - 15,5 m - 53 min - 27° - visibilté à 15 m
Manta point - 15,5 m - 52 min - 28° - visbilité à 15 m

Vie sous-marine : pas facile à traduire de l'anglais au français !
poisson-ballon, crevette nettoyeuse d'anémone, murène, poisson clown, baliste dit poisson-gâchette version bleu à dents rouges ou titan à tête jaune, raie pastenague à points bleus, crevette arlequin, crabe orang-outan dit crabe araignée, poisson-coffre version géante ou pas, rascasses volantes version poisson-scorpion et poisson-lion, nudibranches dites limaces de mer, homard, poissons-anges, poissons-papillons, tortues vertes, tortue à ėcailles, diagramme oriental, sèches ou sépiides, syngnathe-aiguille ou vipère des mers, poisson-flûte, raie manta, raie aigle, vivaneau, poisson-licorne, squille multicolore ou crevette-mante paon...

La plongée avec les raies manta est un grand moment. On se laisse porter par le courant puis lorsque l'on aperçoit au loin la présence d'un spécimen, on s'accroche au fond pour se tourner face au courant et contempler le passage des raies, comme au ralenti, majestueux.

Pour une petite idée du cadre et des nuances de bleu.



A gauche deux dive-masters français, dont Juliette avec laquelle je plonge le premier jour.


Équipement prêt.


Benjamin, également français, avec lequel je plonge le deuxième jour.


Un grand pas de géant, on tient son masque d'une main et sa ceinture de poids de l'autre, et c'est parti.


Quelques photos prises par Jesse, voyageur et plongeur canadien.
Souvenir d'une plongée commune.

Tortue à écailles


Raie manta


Chercher le poisson scorpion, bien camoufflé dans les récifs, il vaut mieux le voir car il est venimeux.



Murène



Nudibranche


___________________

Street food et poisson grillé.


Avec Jesse et une tablėe de français rencontrés sur place. Mon voisin fait une pause voyage avant de reprendre son internat en anesthésie réanimation, on parle acupuncture !


___________________

Il est temps pour moi de repartir vers l'ouest, mon visa expire.
C'est non sans regret que je dois renoncer à la découverte du volcan Kelimutu, un sommet avec trois lacs de trois couleurs diffėrentes, turquoise, rose, noir...

Pendant ces trois jours les premiers vrais ennuis s'annoncent pour moi, avec un mail de ma banque me demandant de confirmer si je suis à l'origine d'opérations douteuses : tentatives de retrait avec ma CB qui est pourtant toujours bien en ma possession... Quelques recherches internet à partir des informations dont je dispose et je remonte à Bali, Kuta et Seminyak, grosses destinations touristiques pour la plage et le surf.

Vue du bateau...
... sur le marché aux poissons.


... sur la mosquée et les bateaux.


Au revoir Labuanbajo.
C'est parti pour 24h de trajet de bateau, bus et mini-bus, destination l'île de Lombok, arrêt à Mataram.


Les familles s'installent à même le sol sur des bâches.


Ici c'est la première classe, avec couchette.


De beaux paysages à contempler en chemin.


Arriveés au port les passagers locaux s'agitent, escaladent partout et passent dans le bateau voisin par les fenêtres, on croirait être dans un bateau rempli de clandestins. On se fait passer des cartons, des bagages, des bébés...


---------------
25 - 26 juin

Je poursuis ma route vers Senggigi, ville côtière sous la grisaille, sans grand intérêt, mais me permettant d'éviter de passer une nuit en ville. Juste le temps de terminer ma lecture avant de voler une nouvelle fois vers Kuala Lumpur puis de repartir pour Sumatra, l'île Indonésienne la plus à l'ouest.


samedi 20 juin 2015

Navigation dans l'archipel de Nusa Tenggara

17 - 20 juin

Croisière : un bon moyen d'éviter d'enchaîner bus, bateaux et transferts ; ou comment allier simplicité logistique avec immersion en pleine nature.
Au programme quatre jours et quatre nuits de navigation au nord de la partie occidentale de l'archipel de Nusa Tenggara (îles de la Sonde), contournement de Lombok et Sumbawa pour rejoindre Komodo, Rinca, et mettre pied à terre à Flores au port de Labuanbajo.


Rendez-vous matinal à 7h sur la plage de Gili T et transfert au port de Bangsal sur l'île de Lombok. Accostage : certains se font avoir en pensant être aidés ou pris en charge par l'équipe organisant le tour, mais non... les personnes qui attrapent habilement votre sac avant vous et qui vous emmènent à une sorte de calèche sont uniquement là pour faire du business, mais sans en annoncer la couleur.
On doit se rendre dans un café un peu excentré, là on va attendre toute la matinée, on devine donc une autre forme de business et partenariat touristique.
Dans les lieux très touristiques la gentillesse est rarement gratuite, et l'information sur le programme peu partagée. C'est le jeu ! Ne pas trop chercher à comprendre mais cependant se méfier des arnaques faciles. 

Vers midi on se dirige enfin vers le port, on découvre notre bateau et l'on embarque.


Environ trente passagers, auxquels il faudra rajouter les quatre que l'on va récupèrer plus loin.
A ma surprise, pas de famille, que du backpacker, et pas mal de français, tout ce petit monde a entre 20 et 40 ans.


L'équipage et son organisation sont au point, notamment pour cuisiner de très bons repas dans un espace et des conditions limitées. Important : sans rendre malade tous les passagers.



Le dortoir : ambiance "la coisière s'amuse", mais dans un autre standard de luxe.
Il n'y a pas de place pour tout le monde et les puces de lit sont aussi au rendez-vous. Je sais que les puces sont là lorsque mon sac à viande blanc prend une couleur rosée, ou aux piqûres lorsque je suis moins chanceuse.
Ambiance bon enfant, mais dans un espace limité avec de la nourriture en juste quantité, les gens peuvent dévoiler le meilleur d'eux-mêmes, comme le pire. L'expérience est intéressante.


C'est parti pour quatre jours de navigation avec escales, notamment snorkeling, ici les fonds marins réservent toujours de belles surprises colorées.


- 1ère accostage : PULAU MOYO, sa rivière et ses cascades.



- 2d accostage : PULAU SATONDA, une île avec un lac en son centre...


...et une jolie vue de son sommet.


C'est là qu'on m'a presque oubliée ! C'est le risque quand on est la seule personne du bateau à voyager en solitaire.


- 3ème accostage : GILI LABA, vue et couleurs de toute beauté.
 
On laisse le bateau pour rejoindre la côte à la nage, certains oubliant que nager à l'arrière du bateau c'est nager au milieu de ce que rejettent les toilettes... Ensuite on grimpe, la vue se mérite.










FAUNE

Diverses escales en pleine mer nous permettent d'observer les poissons, les tortues, mais aussi, et c'est à couper le souffle : les raies manta. Quatre spécimens qui passent à quelques petits mètres en dessous de vous, comme au ralenti, c'est un spectacle majestueux.
Le bateau sera aussi escorté par une trentaine de dauphins, l'espace de quelques trop courtes mais intenses minutes.
À proximité de Kalong Island, au couché du soleil les "flying foxes" (roussettes) volent en nombre au dessus de nos têtes, de très grandes chauve-souris aux airs de renard.


PINK BEACH

Lorsque l'on arrive à Pink beach on se pause des questions : Photoshop est-il intervenu sur les photos du tour ? ou la luminosité a-t-elle un rôle à jouer ? Une fois sur le sable on découvre de petits cristaux rose qui teintent effectivement la plage, de façon plutôt subtile. Je n'ai pas de photo car pour cet accostage l'équipage n'a pas amené le panier d'appareils photo avec le bateau de ravitaillement.


Même ici le business reste intense, et les bateaux accostent les embarcations de touristes avec des bières, la fameuse Bintang (signifié étoile en Indonésien)...



... ou de l'artisanat local : bois sculpté en forme de dragons de Komodo, colliers...


... ça arrive de tous les côtés.


Dernier couché de soleil en pleine mer.



ILE KOMODO, NATIONAL PARK & ÎLE RINCA, LOH BUAYA

Rencontre avec ces étranges créatures dont on sait peu de choses, à part que ce sont des varans gėants : les dragons de Komodo.
Halte dans deux parcs pour tâcher de les approcher et d'en savoir davantage.
La grande question plane sur le groupe : un guide va-t-il effectivement demander aux filles en période de menstruation de rester sur le bateau par mesure de sécurité ?? Réponse non, malgré les mises en garde faites par des vendeurs de tours et autres locaux. Folklore et légendes urbaines font toujours jaser !

Les dragons sont protégés par la loi indonésienne et le parc national de Komodo a été fondé pour favoriser leur protection.




On aperçoit d'abord un jeune spécimen.
Après éclosion des œufs ils vivent perchés dans les arbres pour éviter leurs parents et aînés puisqu'ils sont tout simplement cannibales.


L'accouplement a lieu entre mai et juin, puis une vingtaine d'œufs sont pondus en septembre dans des nids ensuite abandonnés où ils incubent alors pendant sept à huit mois. L'éclosion a lieu en avril, quand les insectes sont les plus abondants. Les femelles peuvent pondre des œufs viables en l'absence de mâles (parthènogenèse).
Les dragons mettent environ trois à cinq ans pour atteindre l'âge adulte, ils peuvent vivre jusqu'à cinquante ans. 

On devine qu'il faut se méfier de ces gros lézards voraces, carnivores. Les guides naturalistes sont cependant "armés" d'un simple bâton avec une extrémité coupée en fourche, et sont plutôt détendus.


Repas potentiel.


Décor de l'accueil du parc de l'île de Rinca, comme un appel à la vigilance.


Ces animaux sont pourtant peu vifs et l'on se demande pourquoi : comportement naturel ou dérive du tourisme animalier ? Seraient-ils drogués ?
Jeune spécimen de taille moyenne.


Dragon adulte.
Les pieds des touristes donnent une idée de la taille, et des précautions prises pour sécurité.


Le dragon de Komodo est la plus grande espèce de lézard (famille des varanidés) avec une longueur moyenne de 2 à 3 mètres et une masse d'environs 70 kilos. Ils se nourrissent de charognes, mais chassent également des invertébrés, oiseaux ou mammifères. Leurs morsures injectent un venin qui provoque une forte chute de pression artérielle chez l'animal blessé, les dragons se nourrissent ensuite simplement des bêtes qui ont succombé à une septicémie.

Leur mâchoire compte près de 60 dents cannelées qui peuvent mesurer jusqu'à 2,5 centimètres de long. Ils possèdent une très longue langue, jaune pâle et très fourchue. 

Malgré des conduits auditifs bien visibles les dragons ont une ouïe limitée, nettement inférieure à celle de l'homme. Leur vue porte à 300m et est très faible de nuit, c'est leur langue qui les aide à se déplacer de nuit ainsi qu'à repèrer leurs proies et autre nourriture.


De couleur vert foncé, gris ou noir, ils se fondent dans leur environnement et peuvent ainsi surprendre leurs proies. Leur peau est renforcée de plaques munies de petits os qui forment une sorte de cote de maille, hypersensible... et par chance inappropriée pour la confection de cuir.


Leur queue est aussi longue que leur corps et leurs pattes se terminent par de longues griffes courbes. Ils peuvent courir jusqu'à 20 km/h sur de courtes distances, plonger jusqu'à 4,5 m de profondeur, grimper dans les arbres lorsqu'ils sont jeunes, et se dresser sur leurs pattes postérieures en utilisant leur queue comme point d'appui.


A l'âge adulte, ils utilisent leurs griffes antérieures pour creuser des galeries qui peuvent atteindre 1,3 m de large, afin de pouvoir dormir sous terre.
Cet animal massif et lent est vraiment surprenant.


Il resterait quelques 3.000 dragons du Komodo dans le parc et les alentours, où les touristes ne peuvent se promener sans la protection rapprochée d'un garde-forestier, les agressions sur l'homme restent rares mais pas anodines.


La croisière s'achève sur Flores au port de Labuanbajo, une dernière courte nuit à bord dans le port animé. Je m'arrête ici quelques jours pour plonger dans le parc de Komodo, vivement recommandé par David prof de plongée sur Gili T. Le parc abrite des fonds marins figurant parmi les plus beaux au monde, et je rêve d'approcher les raies manta.