mercredi 14 octobre 2015

Hué, cité impériale

13 - 14 octobre

En rejoignant Hué, nous atteignons le centre du Vietnam. Nous sommes déposées dans un café partenaire du réseau de bus. Après une nuit de transport, un petit-déjeuner est bienvenu avant de se lancer dans la recherche de la guesthouse réservée à l'avance ; une petite chasse au trésor qui nous mènera à une impasse bien dissimulée, les personnes que l'on sollicite pour nous aider sont très volontaires. Un pharmacien appelle le gérant de la guesthouse qui vient nous chercher jusqu'à la pharmacie.

Hué est l'une des principales attractions touristiques du pays, elle est un centre culturel, intellectuel et politique depuis sa fondation. Elle tire son cachet de son histoire, de son architecture, mais aussi de la beauté de son environnement en bordure de la rivière des Parfums, Song Huong.

Nous aurons ici un temps bien pluvieux qui nous piégera parfois et nous fera rentrer trempées jusqu'au os.

Hué est à mi chemin entre Hanoï et Ho Chi Minh Ville (HCMV), à 12 kms du littoral, un emplacement de choix choisi par Nguyen Hoang en 1601 pour en faire sa capitale et y édifier la citadelle de Phu Xuan.
Dix seigneurs gouvernent ainsi la région jusqu'à ce que le dernier de la lignée se proclame empereur sous le nom de Gia Long, et fonde la dynastie des Nguyen, après avoir écrasé la rébellion des Tay Son.
La dynastie Nguyen conserve le pouvoir pendant 143 ans, même si les français en prennent possession en 1835 et que s'en suit une succession d'empereurs sans pouvoir. Le dernier empereur des Nguyen, Bao Dai, abdiquera en 1945, après la prise d'occupation japonaise de 1940, en lien avec la décolonisation française et au mouvement de résistance.     
Hué est ensuite rattachée au Sud-Vietnam, en 1954, puis le régime de Ngo Dinh Diem viendra ébranler la paix relative, et en 1963 la répression contre le bouddhistes entrainera manifestations et suicides de moines en signe de protestation...

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RAPIDE TOUR DE VILLE

Compte tenu du temps et de la fatigue on concède à s'offrir un tour de ville en rickshaw (sorte de tuk-tuk à pédales). Nous trouvons aisément un guide aux abords de la touristique cité impériale, il nous présente un pseudo-badge censé attester de son accréditation par un quelconque organisme touristique... au final on constatera qu'il s'agit d'une filouterie locale. Notre tour de ville sera donc bien plus que superficiel et l'on comprendra vite que nous sommes embarquées dans une organisation dans laquelle les guides sont rétribués par des sites touristiques de moindre intérêt, selon le nombre de touristes qu'ils y amènent et qui payent un ticket d'entrée ou achètent quelque chose.

Je commence vraiment à trouver que le costume d'arbre à billet me colle un peu trop à la peau... et j'en arrive à trouver la gentillesse douteuse car souvent intéressée. Dans ce genre de situation où commence et où finit la paranoïa ? l'observation et l'intuition ne suffisent pas toujours, même si elles s'avèrent être plutôt bonnes chez moi et de bons anges gardiens face aux filouteries plus audacieuses... Là est toute la difficulté et l'art de voyager, les clés en sont bien l'énergie et la patience, qui sur un voyage itinérant finissent par faire défaut.
Peut-être qu'après 9 mois de sac à dos, j'ai dorénavant un oeil aiguisé face aux travers du business touristique, qui me semble particulièrement sur-développé au Vietnam. Cette vérité m'est déroutante, pour moi qui conçois le voyage avant tout comme la rencontre de la différence par l'échange et le partage. Ces jours là j'ai juste l'impression d'être un moyen de survie pour toutes ces personnes qui ont besoin de gagner leur vie, quelque chose de complètement déshumanisé. Ceci est très certainement l'aboutissement d'une incompréhension culturelle, et le comportement exigeant et impoli de certains touristes à l'approche purement consumériste n'y est pas non plus pour rien... oui, on peut consommer du voyage sans prendre la peine de vraiment le vivre. 

D'une manière générale les travailleurs du tourisme ont élaboré un profil type par nationalité, ils ont ainsi leurs préférences. Certaines sont agréables et généreuses à la fois, d'autre ne répondent qu'à un seul des deux critères, d'autres encore à aucun des deux... Nous français nous situons entre les deux dernières catégories avec un penchant pour la dernière. Nous ne sommes pas des habitués du pourboire, et râler semble être parfois notre moyen d'exister, aussi on ne respecte pas vraiment les consignes dans les lieux publics... Allemands et Hollandais ont la côte, et j'avoue avoir moi aussi généraliser l'ouverture et la sympathise des personnes de ces deux nationalités. Russes et Chinois payent bien mais ont la réputation d'être exécrables, fruit de l'affranchissement d'un système communiste ?
Niveau langue, on ne marque pas de points non plus, tout comme les autres pays latins et notamment Italiens et Espagnols. Allemands et Hollandais excellent en la matière.
Ainsi se faire interroger sur sa nationalité ne relève pas toujours de l'accueil et de la curiosité, mais d'un "ciblage commercial".


Petite prise de hauteur depuis une porte de la ville.





Temple bouddhiste réservé aux femmes, fermé ce jour là.



Petit jardin botanique, joli, sans intérêt particulier mais intégré au business de notre guide... et surtout doté d'une immense boutique...





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LA CITE IMPERIALE, VUE DE L'EXTERIEUR

La cité est entourée de 3 murs concentriques, l'enceinte intérieure protège la cité pourpre interdite et l'enceinte centrale protège les palais, temples et parcs floraux. Le rempart extérieur mesure 6m de haut et 2,5km de long.

Tour du drapeau, 



Une des portes-enceinte de la citadelle,


Une des magnifiques portes de l'enceinte centrale.




Ngo Mon, 
porte du mid et entrée principale, 





























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LA CITE IMPERIALE, VUE DE L'INTERIEUR

Le site a beaucoup souffert des bombardements durant les guerres française et américaine, ainsi seulement 20 des 148 constructions ont résisté, restauration et reconstruction sont encore en cours. 

Ngo Mon, porte du midi, et son pont des Eaux d'or, autrefois réservé à l'empereur.





Dien Thai hoa, Palais de l'Harmonie suprême (1803),
le plus important de la cité impériale. Y étaient reçus dignitaires locaux et diplomates étrangers, et la cour y organisait des cérémonies. L'édifice a été rénové à deux reprises en 1833 et 1924, ce qui explique son état de conservation. A l'intérieur, des plafonds et 80 poutres laqués de rouge et incrustés d'or (photos interdites). 



Au delà du palais s'étend Tu Cam Thanh, la cité pourpre interdite, seuls l'empereur et sa famille étaient autorisés à y pénétrer. Elle fut fortement endommagée lors de l'offensive du Têt en 1968.

Halls des Mandarins, bureau et lieu de préparation des cérémonies
& ruines du palace Can Chanh 









Les jardins de la cité pourpre,








Vue d'ensemble sur les halls des Mandarins, et au centre le Palais de l'Harmonie suprême.



Entretien des jardins et méticuleuse taille en forme de tortue.



Le visiteur reste dubitatif et se retrouve même un peu décontenancé de découvrir un terrain de tennis au coeur même de la cité pourpre.



Porte de Dien Tho Residence,
lieu qui servi entre autres d'appartements et de salle d'audience pour la Reine Mère de la Dynastie Nguyen.  

























































Une autre porte, on ne peut guère s'aventurer plus loin les chemins étant complètement inondés.





























Un charmant pavillon a été transformé en délicieux petit café, l'occasion pour nous de faire une pause au milieu des nénuphars et fleurs de lotus. 



Le café vietnamien, est ainsi préparé et servi.



Résidence Truong San,
en réfection lors de notre visite.




La beauté du site est dans les détails, ici sur la toiture dans la finesse des tuiles.



Tu Vo Phuong Pavillion,


Thai Binh Lau, la bibliothèque impériale,
les mosaïques décorant sa toiture valent le détour et certains s'amusent d'y trouver une évocation de l'oeuvre de Gaudi. 







On peut y observer de petits personnages, tout en finesse.






Le théatre royal (1826),
restauré il accueille des spectacles de danse et autres performances culturelles. 


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La visite de la citadelle va occuper à peu près tout notre temps de passage à Hué. Embarquées dans le système d'open-bus, nous nous plions à l'horaire matinal prévu, départ à 6h du matin en destination de Hoïan, arrivée prévue à 13h. Un long temps de trajet malgré la relative proximité des deux villes. 

lundi 12 octobre 2015

Ninh Binh, explorations de Tam Coc et Hoa Lu

11 - 12 octobre

Nous arrivons de nuit, vers 21h, l'arrêt de bus semble être complètement à l'extérieur de la ville. Ce qui n'annonce pas la facilité que nous avions imaginée en nous laissant convaincre par le système d'open bus...
C'est dans ce genre de situations qu'un smart phone et l'application Maps me seraient utiles.
On choisit de se laisser convaincre par un monsieur qui fait du rabattage pour sa guesthouse, en prenant tout de même une recommandation auprès d'un touriste attendant le bus suivant. On comprend en voiture qu'il a un souci avec des touristes qui n'ont pas réservé leur trajet de bus, le ton change au téléphone, on passe qu'une grande quiétude à un pic de stress, changement d'humeur catégorique qui me devient familière au Vietnam.

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Ninh Binh se situe à 93 kms au sud de Hanoï, on y accède rapidement en 2 heures. La ville elle même n'a pas de réel intérêt, la destination attire les visiteurs par ses paysages de pics karstiques parsemés dans les rizières alentours, ce qui lui vaut la désignation de "baie d'Along terrestre".

Premier jour tentative de visite à vélo, un agent touristique de Hanoï nous ayant expliqué avec grande conviction qu'il était simple, facile et rapide de visiter les alentours de cette façon... Même en ayant pu constater l'état du trafic au Vietnam, on se laisse convaincre puisque le personnel de notre guesthouse nous propose des vélos à la location et nous remet un plan des alentours pour nous guider.
L'excursion à vélo nous semble donc être chose courante par ici.

Une fois sortie de l'intense trafic de l'artère principale traversant la ville, on se retrouve un peu déboussolée sur de grands axes de circulation, heureusement peu fréquentés.




























Aux alentours des airs de "no man's land" malgré les nombreuses constructions en cours, qui laissent deviner un important développement.  

































Après un bon moment de pédalage, nous sommes contentes de retrouver un peu de nature, et des paysages karstiques qui nous laissent penser que nous sommes dans la bonne direction et proches de notre destination.
On n'arrivera finalement à aucune des destinations ciblées, le plan et les distances étant très approximatifs. En insistant un peu on trouvera tout de même quelques sympathiques paysages, temples et sentiers à travers les rizières.































De retour en ville.

































Une de ces journées qui ne se passent pas comme prévu, et à la fin de laquelle on se retrouve bien fatiguée.
Elsa me convainc finalement de prendre un taxi pour effectuer les visites souhaitées le lendemain, jour de son anniversaire ! Bien que courte, l'inévitable traversée de la ville nous a dissuadées de circuler à vélo, le trafic demande une extrême vigilance et implique de bonnes frayeurs. On ne se sent absolument pas en sécurité, les Vietnamiens circulant en deux roues sont d'ailleurs très rarement non motorisés.

Cela se confirme donc, j'éprouve de la difficulté à me laisser charmer par le pays, malgré les 9 mois de rodage en baroudage j'ai l'impression de ne pas savoir m'y prendre et surtout je me sens en état de stress quasi-permanent, à sursauter régulièrement... Serait-ce la fatigue accumulée depuis janvier ou une incompatibilité culturelle entre moi et le Vietnam ?
J'ai surtout le sentiment que nos interlocuteurs enrobent beaucoup les choses, forts d'années d'expérience dans une industrie touristique rodée mais déshumanisée, et que les réalités que l'on découvre sont toutes autres, et nous offrent rarement de bonnes surprises.
Le Vietnam me met donc à l'épreuve, je le parcours sur le qui-vive, un peu en mode survie.

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TAM COC

Le taxi nous dépose, après un bon petit moment de route, on ne risquait pas d'arriver ici en vélo... Finalement je me laisse aller à cette façon de voyager confortable et luxueuse, pour moi inhabituelle, mais je l'avoue fort reposante.

Nous voici au point de départ des excursions en bateau à travers Tam Voc, dite la baie d'Along terrestre. Nous nous embraquons à travers ses rizières et pics karstiques. 





Nous sommes d'abord beaucoup amusées par la technique utilisée pour ramer, avec les pieds ! et une grande aisance.  








Puis la rivière s'engouffre sous la roche...


... et laisse entrevoir une sortie.





C'est à ce point de la balade que se concentrent les vendeurs flottants, on nous propose d'acheter à boire ou à manger, en cas de désintérêt on nous suggère d'offrir quelque chose à boire à notre rameuse méritante.


Une sympathique balade, au calme, dans un bel écrin de nature.


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De retour au point de départ nous en profitons pour observer la vie locale, et ici l'entreposage du riz, à même le bitume, sur un lieu de circulation, pour séchage.




Notre chauffeur de taxi nous dépose ensuite à proximité de notre prochain site de visite. Il nous explique nous attendre dans un restaurant, restaurant dans lequel un homme me fait une démonstration de la façon traditionnelle de fumer du tabac avec un tube en bambou, et me propose d'essayer.
La pratique est de prime abord surprenante pour nous occidentaux puisqu'elle évoque la façon dont certains fument le cannabis en Europe, et donc rarement publiquement.  






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HAO LU

Hoa Lu fut la capitale de trois dynasties féodales, entre 968 et 1010, avant transfert vers Hanoï par le roi Ly Thai To, de nombreux temples et pagodes furent alors érigés à Hoa Lu.
Le site s'étend sur 13 kms, mais l'essentiel est concentré sur 3 kms qui abritent des temples des rois.

L'ancienne porte de la capitale.



































Temple de l'empereur Le Dai Hanh.


Détail de la toiture, 






























































A proximité, la vie locale suit son cours...






























... ainsi que les manifestations les plus ridicules du business touristique.



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L'ANNIVERSAIRE D'ELSA

La pâtisserie selon notre conception française n'est pas affaire courante par ici. Nous sommes contentes de trouver une boutique spécialisée en gâteaux, chose inespérée en cette ville. A priori ces gâteaux sont prévus pour une très longue conservation, non réfrigérés, d'aspect sec, et présentés sous film plastique. Les décors sont très travaillés.   
Accueillies et servies par un charmant monsieur amusé, nous repartons avec deux petits gâteaux carrés, et même des bougies. Nous voici donc pourvues d'un kit anniversaire en bonne et due forme.  



Après déballage, plantage et soufflé de bougie de circonstance... on s'interroge sur la mystérieuse garniture que l'on va trouver à l'intérieur. En tout cas ces "petits" gâteaux font un poids laissant imaginer quelque chose de consistant.



Serait-ce aussi bon que joli ?


Pâte de riz fourrée pour la version blanche, herbes salées et végétaux confits pour la version brune qui est la plus originale pour nos papilles inhabituées. Le tout n'est absolument pas sucré. 



De retour, un petit Skype inter-générationnel, à 3 niveaux, pour de bons voeux d'anniversaire et quelques nouvelles inter-continentales.





























Départ prévu le jour même vers 22h, pour un long trajet de nuit en direction de Hué, bien plus au sud, arrivée prévue vers 6h du matin.