En rejoignant Hué, nous atteignons le centre du Vietnam. Nous sommes déposées dans un café partenaire du réseau de bus. Après une nuit de transport, un petit-déjeuner est bienvenu avant de se lancer dans la recherche de la guesthouse réservée à l'avance ; une petite chasse au trésor qui nous mènera à une impasse bien dissimulée, les personnes que l'on sollicite pour nous aider sont très volontaires. Un pharmacien appelle le gérant de la guesthouse qui vient nous chercher jusqu'à la pharmacie.
Hué est l'une des principales attractions touristiques du pays, elle est un centre culturel, intellectuel et politique depuis sa fondation. Elle tire son cachet de son histoire, de son architecture, mais aussi de la beauté de son environnement en bordure de la rivière des Parfums, Song Huong.
Nous aurons ici un temps bien pluvieux qui nous piégera parfois et nous fera rentrer trempées jusqu'au os.
Hué est à mi chemin entre Hanoï et Ho Chi Minh Ville (HCMV), à 12 kms du littoral, un emplacement de choix choisi par Nguyen Hoang en 1601 pour en faire sa capitale et y édifier la citadelle de Phu Xuan.
Dix seigneurs gouvernent ainsi la région jusqu'à ce que le dernier de la lignée se proclame empereur sous le nom de Gia Long, et fonde la dynastie des Nguyen, après avoir écrasé la rébellion des Tay Son.
La dynastie Nguyen conserve le pouvoir pendant 143 ans, même si les français en prennent possession en 1835 et que s'en suit une succession d'empereurs sans pouvoir. Le dernier empereur des Nguyen, Bao Dai, abdiquera en 1945, après la prise d'occupation japonaise de 1940, en lien avec la décolonisation française et au mouvement de résistance.
Hué est ensuite rattachée au Sud-Vietnam, en 1954, puis le régime de Ngo Dinh Diem viendra ébranler la paix relative, et en 1963 la répression contre le bouddhistes entrainera manifestations et suicides de moines en signe de protestation...
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RAPIDE TOUR DE VILLE
Compte tenu du temps et de la fatigue on concède à s'offrir un tour de ville en rickshaw (sorte de tuk-tuk à pédales). Nous trouvons aisément un guide aux abords de la touristique cité impériale, il nous présente un pseudo-badge censé attester de son accréditation par un quelconque organisme touristique... au final on constatera qu'il s'agit d'une filouterie locale. Notre tour de ville sera donc bien plus que superficiel et l'on comprendra vite que nous sommes embarquées dans une organisation dans laquelle les guides sont rétribués par des sites touristiques de moindre intérêt, selon le nombre de touristes qu'ils y amènent et qui payent un ticket d'entrée ou achètent quelque chose.
Je commence vraiment à trouver que le costume d'arbre à billet me colle un peu trop à la peau... et j'en arrive à trouver la gentillesse douteuse car souvent intéressée. Dans ce genre de situation où commence et où finit la paranoïa ? l'observation et l'intuition ne suffisent pas toujours, même si elles s'avèrent être plutôt bonnes chez moi et de bons anges gardiens face aux filouteries plus audacieuses... Là est toute la difficulté et l'art de voyager, les clés en sont bien l'énergie et la patience, qui sur un voyage itinérant finissent par faire défaut.
Peut-être qu'après 9 mois de sac à dos, j'ai dorénavant un oeil aiguisé face aux travers du business touristique, qui me semble particulièrement sur-développé au Vietnam. Cette vérité m'est déroutante, pour moi qui conçois le voyage avant tout comme la rencontre de la différence par l'échange et le partage. Ces jours là j'ai juste l'impression d'être un moyen de survie pour toutes ces personnes qui ont besoin de gagner leur vie, quelque chose de complètement déshumanisé. Ceci est très certainement l'aboutissement d'une incompréhension culturelle, et le comportement exigeant et impoli de certains touristes à l'approche purement consumériste n'y est pas non plus pour rien... oui, on peut consommer du voyage sans prendre la peine de vraiment le vivre.
D'une manière générale les travailleurs du tourisme ont élaboré un profil type par nationalité, ils ont ainsi leurs préférences. Certaines sont agréables et généreuses à la fois, d'autre ne répondent qu'à un seul des deux critères, d'autres encore à aucun des deux... Nous français nous situons entre les deux dernières catégories avec un penchant pour la dernière. Nous ne sommes pas des habitués du pourboire, et râler semble être parfois notre moyen d'exister, aussi on ne respecte pas vraiment les consignes dans les lieux publics... Allemands et Hollandais ont la côte, et j'avoue avoir moi aussi généraliser l'ouverture et la sympathise des personnes de ces deux nationalités. Russes et Chinois payent bien mais ont la réputation d'être exécrables, fruit de l'affranchissement d'un système communiste ?
Niveau langue, on ne marque pas de points non plus, tout comme les autres pays latins et notamment Italiens et Espagnols. Allemands et Hollandais excellent en la matière.
Ainsi se faire interroger sur sa nationalité ne relève pas toujours de l'accueil et de la curiosité, mais d'un "ciblage commercial".
Petite prise de hauteur depuis une porte de la ville.


Temple bouddhiste réservé aux femmes, fermé ce jour là.

Petit jardin botanique, joli, sans intérêt particulier mais intégré au business de notre guide... et surtout doté d'une immense boutique...


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LA CITE IMPERIALE, VUE DE L'EXTERIEUR
La cité est entourée de 3 murs concentriques, l'enceinte intérieure protège la cité pourpre interdite et l'enceinte centrale protège les palais, temples et parcs floraux. Le rempart extérieur mesure 6m de haut et 2,5km de long.
Tour du drapeau,

Une des portes-enceinte de la citadelle,

Une des magnifiques portes de l'enceinte centrale.
Ngo Mon,
porte du mid et entrée principale,

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LA CITE IMPERIALE, VUE DE L'INTERIEUR
Le site a beaucoup souffert des bombardements durant les guerres française et américaine, ainsi seulement 20 des 148 constructions ont résisté, restauration et reconstruction sont encore en cours.
Ngo Mon, porte du midi, et son pont des Eaux d'or, autrefois réservé à l'empereur.


Dien Thai hoa, Palais de l'Harmonie suprême (1803),
le plus important de la cité impériale. Y étaient reçus dignitaires locaux et diplomates étrangers, et la cour y organisait des cérémonies. L'édifice a été rénové à deux reprises en 1833 et 1924, ce qui explique son état de conservation. A l'intérieur, des plafonds et 80 poutres laqués de rouge et incrustés d'or (photos interdites).

Au delà du palais s'étend Tu Cam Thanh, la cité pourpre interdite, seuls l'empereur et sa famille étaient autorisés à y pénétrer. Elle fut fortement endommagée lors de l'offensive du Têt en 1968.
Halls des Mandarins, bureau et lieu de préparation des cérémonies
& ruines du palace Can Chanh




Les jardins de la cité pourpre,



Vue d'ensemble sur les halls des Mandarins, et au centre le Palais de l'Harmonie suprême.

Entretien des jardins et méticuleuse taille en forme de tortue.

Le visiteur reste dubitatif et se retrouve même un peu décontenancé de découvrir un terrain de tennis au coeur même de la cité pourpre.
Porte de Dien Tho Residence,
lieu qui servi entre autres d'appartements et de salle d'audience pour la Reine Mère de la Dynastie Nguyen.
Un charmant pavillon a été transformé en délicieux petit café, l'occasion pour nous de faire une pause au milieu des nénuphars et fleurs de lotus.

Le café vietnamien, est ainsi préparé et servi.

Résidence Truong San,
en réfection lors de notre visite.
Thai Binh Lau, la bibliothèque impériale,
les mosaïques décorant sa toiture valent le détour et certains s'amusent d'y trouver une évocation de l'oeuvre de Gaudi.
Le théatre royal (1826),
restauré il accueille des spectacles de danse et autres performances culturelles.
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La visite de la citadelle va occuper à peu près tout notre temps de passage à Hué. Embarquées dans le système d'open-bus, nous nous plions à l'horaire matinal prévu, départ à 6h du matin en destination de Hoïan, arrivée prévue à 13h. Un long temps de trajet malgré la relative proximité des deux villes.