Yogya ou Jogja pour les intimes. Je viens y découvrir l'art javanais et les temples renommés situés à proximitė de la ville. Je m'attendais à trouver une petite ville à l'atmosphère nonchalante, pas du tout, ici l'inspiration artistique doit se trouver dans l'agitation. La ville est en fait la première destination touristique de toute l'île de Java.
ROYAUME DU POUSSE-POUSSE
Les deux-roues sont toujours omiprésents, comme à Jakarta, mais ici on trouve aussi de charmants cyclo-pousses, ou becak.
Version locale, on embraque toute la famille.
Toujours le sourire pour une intense quête du client "yes, ok, transport ?"
Terrain d'expression artistique pour certains.
Outil de travail également idéal pour la sieste.
Et occasionnellement une solution pour moi, quand j'abandonne mon moyen de locomotion privilégié : la marche ! Une solution bien peu utilisée par les locaux, pour qui tout est loin, on ne peut donc pas trop se fier à leur évaluation des distances.
HAUT LIEU TOURISTIQUE
La rue Malioboro est la plus touristique de la ville, enfilade de magasins vendant essentiellement des batiks, les becaks y côtoient les calèches... En bon touriste, on vient poser devant le panneau indiquant le nom de la rue.
Les locaux raffolent de photos d'eux avec des occidentaux, et l'on se fait vite dėpasser par les événements lorsque l'on accepte. J'ai à peine eu le temps de dire oui à une maman m'expliquant que sa petite fille voulait une photo avec moi, qu'une dame arrive à coté de moi en mode selfie.
La street food reste toujours omniprésente, ici le fameux durian, connu comme le "fruit qui pue", il se dit qu'il est interdit dans les lieux et transports publics, et qu'il serait suicidaire d'en mettre dans sa voiture ou son réfrigérateur. Je ne raffole pas de son odeur si particulière, ni de son goût qui se rapproche de celui de l'oignon, mais il déchaîne les passions dans les deux sens.
Animation et street food.
Satay, qui signifie brochette, ici de poulet grillé servi avec une sauce à base de cacahuète.
GRAFFITI
Yogyakarta est réputée pour ses tags, la ville est très étudiante et les revendications sociales y sont notamment exprimées par ce biais.
Ici un espace d'expression public "envolving art".
Ruelle tranquille, Gang I ou Gang II, le seul coin paisible que j'ai su trouver à Yogyakarta, à l'abri du bruyant trafic.
J'y rencontre Moko, plus tard je comprendrai d'où il tient son français et son "nique la police"... pas que de son voisin belge apparement, aussi mais du décor local.
Moko est plus ou moins commercial dans l'approvisionnement de riz auprès des restaurants.
FOLKLORE NOCTURNE
Invitée à m'assoir pour discuter, en milieu d'après-midi, on va finalement passer plusieurs heures ensemble, la génėreuse pluie tropicale aidant aussi à créér le lien.
En soirée immersion dans le folklore local, le même tous les soirs autour de la place du kraton, le palais du sultan, cœur culturel et politique de la ville.
Des voitures à pėdales, illuminées de leds fluo, musique et écran de karaoké... on y vient en famille ou en amoureux et on fait joyeusement le tour de cette place aux airs de terrain vague.
Au milieu, la foule, ses vendeurs ambulants et ses loueurs de masques pour les yeux... de nombreuses personnes s'essayent en effet à la marche les yeux bandés, objectif : arriver entre les deux arbres centraux de la place, pour le côté ludique et le vecteur de chance.
On sympathique avec deux petits gars rigolos qui nous challengent en nous tendant leur bandeau.
MARIONNETTES
Les shadow puppets sont à l'honneur à Yogyakarta, théâtre de marionnettes par jeu d'ombre.
Même si le spectateur n'apprecira que l'ombre des marionnettes, leur fabrication artisanale est très soignée. Matériau : cuir de buffle. Travaillé à la main, au clou et au marteau.
Travail d'orfèvre.
Les couleurs ont aussi leurs importances, elles expriment les émotions des personnages, même si seuls le marionnettiste et les musiciens pourront les contempler.
Marionnettes en action, cotė spectateur...
... et côté coulisses.
Musiciens, chanteuses... du beau monde en coulisses, et une multitude d'instruments typiques, désignés communėment "gamelan" : carillon de gongs, metallophone, gong, tambour.
J'ai sympathisé avec Yulia, c'est elle qui m'a vendu mon billet pour le spectacle de marionnettes, en me donnant une généreuse quantité d'explications.
Elle me prendra aussi sous sa protection trouvant qu'un allemand et un indonésien portent un regard trop insistant sur moi... bref elle m'alerte en me faisant lire des messages qu'elle tape sur son téléphone, et me précise que c'est pour avoir un œil sur moi qu'elle est venue s'assoir juste derrière.
Au final j'ai faim et elle propose de me faire découvrir un restaurant typique, on embarque donc sur son scooter. On passe à cotė des voiturettes luminescentes, elle me dit "for you it's funny, for me it's ugly", bref elle n'adhère pas du tout.
Elle me raconte qu'elle est très contemporaine, cheveux courts et jupe courte sont notamment mal vus par les indonésiens. Elle est passsionnée d'histoire et aimerait pouvoir étudier en France, mais l'argent manque. Elle n'a aujourd'hui plus de famille mais un vrai caractère, et un côté mystique plutôt développé, en tout cas elle ne baisse à priori jamais les bras.
BATIK
Grande spėcialitė de Yogyakarta, on trouve une collection de boutiques, de fabriques et aussi d'arnaques made in China.
Première étape : tracė du motif par transparence, par dessus le modèle.
Étape suivante et récurrente à chaque couleur : enduit de cire pour protéger les zones à ne pas colorer. On travaille en effet "en négatif."
... ou, plus rapide, au tampon.
Après coloration, grattage pour retirer la cire protégeant les parties neutres, restées blanches.
Puis lavage.
Ultime ėtape : eau bouillante pour dissoudre les dernières particules de cire.
Essorage.
Sèchage.
Puis enfin, confection et mise en rayon.
Le batik c'est aussi un art décoratif, ici la galerie Novi.
Darmon est un artiste et professeur de batik rencontré en chemin, c'est lui qui a réalisė le grand tableau. Il essaye de me vendre une création et me montre les tarifs définis par une lettre déterminée selon le niveau d'expérience des artistes (élèves et professeurs de talent plus ou moins renommé). Il me montre des créations d'étudiants imitant d'autres artistes, et me prėcise qu'il aime quand ses élèves le copient.
MARCHÉ AUX OISEAUX
Les indonésiens sont amoureux des oiseaux (beaucoup moins de leur liberté...), ce marché va m'en apprendre beaucoup sur la symbolique, ou consommation qui vient avec.
Je sympathise avec Ivan, danseur retraité, il aide sa sœur sur le marché, il m'offre une petite visite guidée.
Collection de cages.
Perroquets.
Cherchez l'intrus.
Coqs, et lapins... car le marché est loin de se limiter aux oiseaux.
Hiboux, porteurs de chance et de sécurité au sein du foyer.
Rice bird, on les relâche en faisant un vœu, normalement un par année d'âge.
Je me limite à un ! Acheté dans son petit sac en papier journal.
Comme aux Philippines, je retrouve des poussins colorés, pour les enfants.
Chauve-souris, on mange certains organes bien prėcis pour soigner l'asthme.
Geckos.
Repas des geckos : insectes embrochés vivants.
Le coin des reptiles.
Une question de minutes... pour un duel sans surprise.
Ivan me suggère de me rendre, plus tard, au marché aux serpents, où je pourrais assister à l'exécution du serpent de mon choix pour en boire le sang frais puis en déguster la chair cuisinée. Ce serait très bon pour la santé... mais je n'apprécie guerre le proximité avec cet animal au sang froid.
Singe et trop petite cage, yeux plein de détresse.
Le quartier des chats.
Et celui des chiens, certains bien loin de leur climat de prédilection...
KOPI LUWAK, LE "CACAFÉ"
Le kopi luwak est le fruit de la transformation de graines de cafė fraîches par le système digestif du luwak. La pulpe du fruit est digèrée mais pas le noyau qui est recyclé comme matière première pour produire ce drôle de cafė, de luxe de surcroît ! La transformation est reconnue comme bénéfique aux arômes des grains de café, ainsi 1 kg peut valoir plus de 1.000 $.
C'est Ivan qui m'a emmenée ici, chez son "grandfather", quelques calculs rapides me permettent de comprendre que c'est une façon de parler, rien de familial là dedans.
Graines de café digérées, avant et après nettoyage.
Truffe de luwak, quelques spécimens en cage, à priori pour soin.
La café est moulu très fin et donc consommé sans être filtré, à la façon d'un café instantané.
BOROBUDUR
Un des plus beaux et importants temples bouddhistes d'Asie du sud-est, construit aux VIII et IX ème siècles. Vestige bouddhiste sur Java qui est avant tout de religion musulmane.
Le site a ėté reconnu patrimoine mondial de l'Unesco.
(Non) vue de Punthuk Setumbu, mais un joli lever de soleil derrière une montagne invisible.
2 millions de blocs de pierre assemblés en forme de stupa, aujourd'hui sans couleur mais historiquement peints.
Base carrée de 118m de côté.
Superposition de 6 terrasses et 4 galeries, accessibles par 4 escaliers.
Il existe cependant une cinquième galerie, invisible car enterrée, soit par souci de consolidation de la structure, soit par symbolique pour dissimuler ses bas-reliefs qui illustrent précisément la vie terrestre...
Des groupes scolaires visitent également le site.
5 km de galeries recouvertes de bas-reliefs.
504 statues de Bouddha présentes à l’origine, plus de 300 ont été endommagées (la plupart décapitées), 43 ont disparu.
Au sommet une galerie hébergeant 72 stupas, cloches de pierre ajourées logeant des statues de Bouddha.
Vue du ciel le site évoquerait un mandala tantrique en trois dimensions.
Du sommet, vue sur les jardins,
Vendeur de souvenirs, notamment de marionnettes.
Étalage de fruits parmi l'interminable enfilade d'échoppes à la sortie du site.
Snake fruit, ou salak, le fruit à ėcailles, qui pour moi à un goût de levure de boulanger.
PRAMBANAN
Le plus grand temple hindou de Java, ou plutôt un ensemble de 240 temples, le tout datant du IXeme siècle. Également classé au patromoine mondial de l'humanité par l'Unesco.
Le site a été gravement endommagé par le tremblement de terre de 2006.
La construction la plus imposante est dėdiėe aux trois grandes divinités hindouistes : Shiva, Vishnu et Brahma, et trois temples sont dédiés aux animaux leur servant de monture.
Temps de fermer boutique.
RAMAYANA BALLET
Je joue les prolongations pour assister à l'incontournable ballet donné en plein air face au site de Prambanan, par 250 danseurs et danseuses. Histoire d'amour, de convoitise, de jalousie, de combat... la féerie opére.
Le singe blanc est le personnage qu'incarnait Ivan mon guide danseur retraité, le plus accrobatique de tous les personnages.
Le clou du spectacle.
Fin de représentation, les danseurs restent présents sur scène pour séance photos avec les touristes.
VOLCAN MERAPI
Expédition avec Moko, je veux approcher le volcan, et lui souhaite rendre visite à sa famille à proximité, on partage donc un scooter. Ses copines de la location s'amusent bien en me choisissant un casque, et moi aussi !
Le volcan Merapi est situé à 30 km au nord de Yogyakarta, en mars 2014 une explosion a émis des projections de cendres dans un rayon de plusieurs kilomètres. L’activité du volcan est revenue à un niveau normal mais le site diplomatie.gouv.fr considère que le comportement du Merapi a significativement changé depuis l’importante éruption de 2010 et déconseille ainsi de se rendre sur le volcan.
La météo n'est pas avec moi, cache-cache avec les nuages, on aperçoit tout juste le sommet.
Pause déjeuner, on sympathise avec cette petite famille et sa baby-sitter, ils me font goûter toutes sortes de spécialités locales, jusqu'à plus faim... globalement bon mais dur dur le pavé gluant de haricots rouges.
Moko n'a plus de parents, il rend visite à sa tante et ses oncles, qui vivent de la culture du riz.
Je n'ai pas de photos car cela me semblait malvenu.
Les retrouvailles familiales sont peu expressives, le silence prend vite place. Je m'attendais à quelque chose de plus enjoué. Je suis très bien reçue mais l'échange se limitera très vite à quelques sourires et aux rudimentaires "bonjour / au revoir / merci" en indonésien.
En partant Moko glisse un billet à chacun...
Petite balade dans le quartier entre deux visites familiales.
Récolte, riz brut mis à sécher.
Retour à Yogyakarta, nouveau dėpart prévu, destination : nature sauvage et volcans javanais.
Dernière soirée, je sympathise avec Griselda, voyageuse au long cours venant d'Argentine, et de mon âge. On partage les mêmes ressentis sur notre voyage ! On décide de se retrouver plus tard sur Bali, mon expédition volcans étant déjà planifiée.
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