mercredi 13 mai 2015

Volcans javanais : Bromo et Kawah Ijen

11 - 13 mai

L'Indonésie est une terre volcanique, à elle seule l'île de Java compte une quarantaine de volcans. La vue sur l'immense caldeira du Bromo et une ascension jusqu'au lac du cratère du Kawah Ijen sont vivement recommandés aux visiteurs amoureux de la nature.

Aprés avoir envisagé toutes sortes d'itinéraires pour sortir des grandes destinations touristiques, je vais rapidement me rendre compte que pour des raisons logistiques et budgétaires je vais devoir m'en remettre aux tours organisés. J'ai un gros à priori sur ce genre d'excursions mais me voilà inscrite à un "pack F"... l'industrie touristique est ici bien développée et l'autonomie du visiteur n'est donc pas une chose encouragée. Rien à voir avec la confortable liberté d'improvisation que me laissait le petit Sri Lanka.
Conclusion (déjà amorcée aux Philippines), dans un grand pays il faut choisir entre le désir de découverte des sites grandioses, généralement éparpillés, et l'échange avec une population authentique. Oui ça semble évident, mais créer un vrai lien avec les populations locales et authentiques relève d'un vrai talent, voire d'une vocation.
Je repense à une rencontre faite au salon du Grand Biouvac avant mon départ : Anne Becel est une grande voyageuse, aventurière et rédactrice de guides touristiques, on me proposait de partir en sa compagnie pour une aventure humaine au Tibet... mais nous étions chacune en réflexion et je ne savais pas encore réellement ce qu'est le voyage (et je me le demande encore).
Anne a mon âge et l'on s'est rencontré alors que chacune était en transition pour expérimenter "une première" : pour moi la possibilité de partir voyager seule et longtemps, pour elle la possibilité de poser son sac à dos dans un appartement et de vivre seule (fini les colocations). Autrement dit les évidences de l'une étaient les inconnues de l'autre, ce qui ne nous a pas empêché de passer de longs moments au téléphone pour échanger sur le projet tibétain... en suspens.
Bref je suis admirative de cette aventurière écrivain, qui a notamment navigué avec les derniers nomades des mers d'Indonésie, voici le lien vers sa page internet.

Pour revenir à Java, me voilà donc inscrite à une expédition de trois jours, avec le traditionnel supplément chambre double pour voyageur solitaire. Je pousse jusqu'à intégrer un transfert jusqu'à Bali et la ville d'Ubud où je vais pouvoir profiter de premières retrouvailles... Bref je ne suis pas en phase téméraire, je joue la facilité et j'ai hâte de retrouver mes amis !

Le groupe s'avère être rétreint, une dizaine de personnes, jeunes et majoritairement Chinois.


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BROMO

Après 11 heures de bus depuis Yogyakarta, courte nuit avant les prėsentations, dėpart matinal à 3h30.

Ce majestueux volcan culmine à 2.329m d'altitude et son cratère fait 800 mètres de diamètre et 200m de profondeur. Il se situe dans le parc national Bromo-Tengger-Semer. Le nom Bromo est dérivé de Brahma, dieu hindouiste de la création, plutôt adapté à ce volcan qui redessine les reliefs alentours à chaque éruption.

Etape n°1 - Assister au lever du soleil du sommet des 2.770m du Gunung Pananjakan.

Le Bromo est le cratère fumant au second plan, au premier plan le Batok (2.440m), tous deux surplombés par le Semeru (3.676m). L'ensemble forme le massif du Tengger.
La vue est à couper le souffle. Le massif domine une vaste plaine en partie recouverte d'un épais tapi de nuages. Le paysage est lunaire.

La luminositė change rapidement : tons de bleu aux premières lueurs...


... puis de rose...


... et de jaune.


Toujours dans le but de rester objective et de ne pas "servir" que du rêve, voici à prėsent les coulisses de cette expėdition.

Collection de jeeps et bouchons.
Même si un tel paysage devrait se mėriter, il n'y a rien de sportif dans l'histoire, enfin si un peu tout de même : 8 dans une jeep 6 places. On est loin du touriste nature.


Les conducteurs ont leur petit rituel en attendant le retour des touristes.


Le site est bondé ainsi je décide de choisir entre lever de soleil et Bromo, la vue sur le lever de soleil se résumera donc pour moi à des ombres, écrans lumineux et autres selfie sticks... Il faut ensuite se frayer  un chemin entre le mur de fessiers qui ont escaladé les barrières et obstruent complètement la vue. Le touriste se fait féroce pour garder son territoire, l'atmosphère est plutôt hostile.



Bonnets, poussettes et business local sont au rendez-vous matinal.


Etape n°2 - Descente en jeep jusqu'au pied du Bromo


Les jeeps traversent en tous sens la plaine de sable et de lave.
A proximité du parking, des cavaliers à l'affut du touriste.





Etape n°3 - Approche du cratère.





Les chevaux s'arrêtent ici, la fin de l'ascension se fait exclusivement à pied.
Les escaliers sont raides, ça bouchonne.


On peut allègrement admirer le Batok.
Des vendeurs d'offrandes sont présents sur le parcours, le cratère du Bromo étant en effet considéré comme une divinité par les hindouistes.


Vue sur la crête et l'arête du cratère. Les vents sont favorables à l'exploration, fumées et cendres ne venant pas altèrer la visbilité et respirabilité des lieux.


Ganesh veille.


La visibilité est très bonne sur les entrailles du cratère.


Vue plongeante sur la vallée, avec au loin les petites jeeps.



En route pour Kawah Ijen, 7 h de route, avec quelques pauses paysages puis une courte nuit à Sempol.




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KAWAH IJEN

Le plateau d'Ijen est une vaste région volcanique dominée par trois sommets : Ijen (2.368m), Merapi (2.800m), Raung (3.332m), mais le premier attrait touristique est le cratère Kawah Ijen.
En javanais Kawah Ijen signifie cratère vert, en effet le volcan abrite un lac bleu-vert, couleur due à l'extrême acidité de ses eaux, qui lui valent la réputation d'être le lac le plus acide au monde avec un pH avoisinant 0.2.
Ce lac ovale se situe à 2.800m au dessus du niveau de la mer, et mesure 1km de long et 600m de large. Au fond du cratère et en bordure du lac une solfatare produit de grandes quantités de minerai de soufre qui se cristalise après avoir été émis sous forme de vapeur. L'exploitation minière y est ainsi importante et nombreux sont les villageois qui viennent depuis la vallée pour récupérer les blocs de soufre : entre 80 et 100 kg par charge, deux fois par jour, vendus 680 roupies le kilo (0,04 euros). 
Le site présente également une particularité : la lave qui s'y écoule libère des vapeurs de soufre qui s'échappent du cratère à une température de 200°C, lorsqu'elles s'enflamment elles produisent alors des flammes d'un bleu électrique pouvant s'élever jusqu'à 5m de hauteur. 

Dėpart matinal à 4h de Paltuding Post, pour observer les fameuses flammes bleues, l'ascension de 3km est raide et se fait en 1h, ensuite la périlleuse descente du cratère nėcessite une heure supplémentaire. On chemine en compagnie des porteurs de soufre, ils ne sont dotés d'aucun équipement spécifique, quand des masques sont loués aux touristes. Outre l'effort physique nécessité par le portage du minerai, les mineurs sont exposés durant des heures aux vapeurs dégagées par le lac et la solfatare, acide chlorhydrique, acide sulfurique, dioxyde de soufre... attaquent muqueuses, yeux, peau... ainsi l'espérance de vie des mineurs excède rarement 40 ans.


Mon appareil photo n'étant pas performant de nuit, je n'ai pas de photo des flammes bleues, mais voici une vidéo faite par des pro. On se rend compte que le site est dangereux, le vent tourne vite et les vapeurs piquent les yeux et la gorge, en plus de priver de toute visibilité.

Au fond du cratère, à proximité de la solfatare et dans les vapeurs de soufre : fabrication nocturne de moulages en soufre, chaque mineur en transporte avec lui pour essayer de les vendre aux touristes.


De retour au sommet on découvre que le temps ne nous est pas favorable, le lac reste invisible.
Panier de soufre, posé dans une niche conçue spécialement pour permettre aux mineurs de poser leur panier plus aisément, en y glissant la tête et les épaules.


Une fois arrivés au sommet du cratère les mineurs s'allument une cigarette, un rien essoufflés par l'ascension technique et périlleuse.


Sentier, à même la crête, pour rejoindre la vallée.  


Crépuscule et vue sur les alentours.



Notre jeune guide, qui en voyant la brume presse le groupe à redescendre plusieurs heures en avance sur le programme... Il me faudra argumenter un petit moment pour pouvoir m'échapper du groupe et ainsi passer plus de temps sur les hauteurs, histoire de laisser une chance à la vue de se dégager. Cela en valait la peine... mieux que d'attendre dans un mini bus !



J'ai l'occasion de grimper un peu plus haut et j'ai ainsi la chance de voir le lac en entier, sa solfatare et la mer à l'horizon.


Zoom sur la solfatare et ses vapeurs.



On distingue les petites silhouettes des mineurs.


Puis il est temps de redescendre.



La vue laisse à présent voir les autres sommets.



Etape pesée et casse-croûte.


On a repéré mes gaufrettes au chocoat, que je partage volontiers.


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EN ROUTE POUR BALI

Attente du bus pendant des heures, au bord de la route, sans vraiment savoir ni comprendre.
Finalement un bus local arrive, le chargement des bagages et des voyageurs s'éternise, on rajoute des tabourets au milieu de l'allée. Le trajet sera long et anesthésiant, on manque d'air.


Les vendeurs parviennent à se faufiler malgré les tabourets qui obstruent l'allée.


Ketapang, embarquement du bus sur le ferry pour Gilimanuk sur l'île de Bali... We love Indonesia !
Un homme nage à côté du bateau... au final je ne sais pas s'il a embarqué...


J'accepte qu'on me prenne en photo, et c'est le début d'un mouvement de foule d'adolescentes, qui m'offriront une jolie pose de groupe.


Sur le bateau, les filles d'un côté...


... les garçons de l'autre.


Karaoké à bord.


Bicyclette à Nasi goreng, plat indonésien signifiant « riz frit » et se composant également de poulet, œufs, oignons, légumes, piment.



Les côtes de Bali.


Encore quelques longues heures de bus, davantage dues au trafic qu'au kilométrage. Arrivée au terminal de bus de Mengwi, je peux enfin prendre un taxi (seule possibilité logistique) pour Ubud.

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