Le point à travers quelques thèmatiques clés :
ÉNERGIE
- Au départ c'est l'excitation face au dépaysement. Esprit vif et curieux de tout, grande soif de découverte. Énergie à revendre et sourire béat quasiment en permanence. On est ultra positif limite naïf.
- Puis vient la baisse de régime avec l'adoption d'une nouvelle routine de vie nomade (chercher, organiser, emballer, déballer, laver, réparer). Esprit embrumé par l'accumulation de découvertes, on ne parvient plus à emmagasiner toute la nouveauté, on sature d'informations... On est alors physiquement contraint de vivre les choses de façon moins passionnelle, ce qui est de prime abord tès déroutant et culpabilisant. Bref on fatigue. Sourire moins fréquent : facteurs patience et confiance revus à la baisse face aux entourloupes et à la traque touristique. On navigue entre objectivité et petites crises de négativisme.
RENCONTRE
- Au départ à l'affut, ouverture à toute opportunité d'échange avec les locaux comme avec les voyageurs. On y va sans frein, on collectionne les coordonnées.
- Après quelques temps on accumule les rencontres éphémères et les discussions banales ou répétitives. Zapping extrême, rencontre de quelques heures ou avec un peu de chance pour 3 jours. On apprėcie les occasions de rester dans sa bulle, et parfois on évite même le contact. On retrouve des coordonnées griffonnées sur un morceau de papier, sans parfois se souvenir du visage qui va avec.
Mais la façon d'appréhender les rencontres dépend surtout du tempérament de chacun, et je dirais aussi de la durée du voyage : le voyageur aime rencontrer des voyageurs (plutôt que des vacanciers) pour échanger sur son ressenti.
L'idéal est de pouvoir voyager quelques temps avec la ou les mêmes personnes, mais je n'ai pas encore eu cette opportunité, mais peut-être une récente amorce pour l'Indonésie... Un voyageur solitaire se fait aussi souvent taxer de sur-coûts.
Niveau contact avec la population locale, la conversation s'amorce quasiment toujours par un "Where are you from ?", ça c'est pour tout le monde. Pour les voyageuses solitaires ce sera plutôt "You only ? Where are your friends ? Are you married ?..." Et pour l'anecdote, la dernière en date "Are you virgin ?". Trés naïvement j'avais pensé que j'allais pouvoir souffler avec les questions sur ce terrain... mais finalement c'est pire qu'en France ! Il est certain que l'indépendance au féminin ce n'est pas la norme asiatique.
TRANSPORT
- Au départ poussé par la curiosité on entretient avec les kilomètres un rapport de collectionneur. Il est ludique de s'immerger dans le folklore des transports, et d'élucider le jeu de piste à élaborer pour chaque transfert.
- Puis le sujet se fait parfois casse-tête, selon le pays ou l'endroit. L'exotisme des dėbuts laisse place à la perception de l'inconfort ou de la désorganisation qui metnotre patience et résistance à l'épreuve.
Collectionner les sites touristiques relève du marathon et petit à petit perd de son sens.
SOLITUDE
- Partir seule en voyage c'est expérimenter une liberté sans concession, l'ultime luxe contemporain.
- Après quelques temps on est en demande de compagnie et de rencontres durables.
Lorsque l'on voyage les proches pensent empêcher le dépaysement recherché, ou n'avoir rien d'intéressant à raconter (routine ! pourtant intéressante pour le voyageur), ainsi les nouvelles sont plutôt rares (mêmes si quelques voyageurs me disent l'inverse).
Dans les moments difficiles (car oui il y en a), on est 100% seul, sûrement l'aspect le plus formateur de l'expérience, on développe une sagesse toute bouddhiste : accepter l'impermanence !
ADAPTATION
- Premier pays, on s'immerge autant que possible pour s'approprier la culture, et on en redemande.
- Second pays : le changement est violent, on oublie tout et on recommence, langue, monnaie, organisation des transports, codes, religion, cuisine, logique administrative...
On est ensuite mieux préparé pour le changement suivant, mais cela invite à un certain détachement. Avec ça je confirme qu'un tour du monde bien cadrė ne m'aurait pas convenu, et l'Asie est dėjà si grande et diversifiėe.
Au fil des semaines la nourriture prend beaucoup d'importance, au dėpart on est prêt à tout essayer et on apprėcie l'exotisme. Vient ensuite le temps de l'appel des légumes et de la cuisine légère, qui sont ici la plupart du temps un luxe.
Niveau communication, le fait de ne pas parler sa langue maternelle complexifie les échanges, on développe des astuces pour contourner un manque de vocabulaire anglais mais on est frustré de ne pouvoir s'exprimer précisément, oú s'exprimer tout court faute de rapidité. La réputation linguistique française n'est plus à faire, une vraie catastrophe, je suis contente quand on n'identifie pas d'où je viens et que l'on me dit que mon anglais est plutôt bon... mais il me limite trop, et les Autraliens sont mon cauchemar (accent et débit).
VOYAGE AU FÉMININ
Avant de partir on pense être vulnérable, mais en realitė cela a plein d'avantages. Les populations locales sont soucieuses de notre protection, et sans être sollicitėes me donnent des conseils ou me raccompagnent jusqu'à mon hostel pour s'assurer de ma sécurité. Les gens sont plus soucieux que nous mêmes. J'ai aussi l'impression que cela facilite la nėgocation, à priori moins ėvitante pour les gars.
BLOG
Mon compagnon de voyage ! Moi qui avais beaucoup hésité, finalement écrire est devenu un rituel "hygiénique", le moyen de se vider la tête pour faire place aux nouvelles découvertes à venir. Certes c'est du travail, du temps, de la gestion de photo, du temps de téléchargement, les aléas des connexions wifi, les beugs de mise en page, les possibilités limitėes de l'application sur ma tablette, les déformations du correcteur orthographique, les claviers sans accents...
Sinon c'est un vrai plaisir d'avoir un retour, des encouragements à poursuivre, et de découvrir les réactions de chacun. Mes moments de galère font rire, moi également avec du recul, moins à l'instant T.
LE LUXE DU BACKPACKER
Car on ne se rend pas compte lorsque l'on est dans son quotidien européen, voici les petites choses qui font grandement plaisir :
- un hébergement offrant la possibilité de cuisiner.
- récupérer à la laundry son linge propre et qui sent bon.
- un vrai linge de toilette fourni avec la chambe (pause microfibre).
- un casier avec cadenas, encore mieux s'y est grand.
- calme et intimité, un jardin...
- livre
Le livre est une denrée rare, les jours de chance on peut simplement piocher dans la bibliothèque composėe avec les abandons des précédents voyageurs, parfois la condition est de laisser un livre en échange, parfois deux pour un, et certains endroits vendent les livres d'occasion.
On a le temps de lire, c'est une compagnie et un vrai plaisir.
Une liseuse bien chargée est quelque chose qui aurait valu la peine de me charger un peu plus.
Les filles ne jurent que par "Mange, prie, aime".
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EXPERIENCE PHILIPPINE
Les Philippines m'ont mise à rude épreuve, à moins que ce ne soit mon état de fatigue à ce moment là, ou les deux, je ne saurais dire.
Il faut savoir que les douanes philippines demandent à présenter un billet de retour pour pouvoir entrer sur le territoire. Un visa touristique d'un mois seulement pour visiter ce pays d'îles, avec sa logistique complexe, est un challenge. Ma crainte : rater la date d'expiration de mon visa en restant coincée sur une île (certaines n'ėtant desservies que par un unique bateau par semaine). Bref le pays et sa culture invitent à prendre son temps mais l'organisation des transports peut stresser. Ma façon de voyager au Sri Lanka mise au point pendant trois mois n'ėtait absolument pas applicable ici. Les vacances de la semaine sainte et le typhon n'ont pas non plus facilité les choses.
J'ai été désemparée de trouver un pays si "occidentalisé" même americanisé, j'ai donc davantage orienté mon parcours sur la nature que sur la culture, et je ne suis pas parvenue à rencontrer l'authenticitė culturelle que j'avais imaginée. Je n'ai pas réussi à sortir des sentiers battus et j'ai aussi largement dėpassé mon budget. Mais cela fut bien sûr formateur.
J'ai rencontré une française lors du transfert de vol à l'aéroport de Kuala Lumpur, baroudeuse confirmée, expatriée dans une ONG au Laos. Elle a adoré son voyage et optimisé son budget, selon elle le couchsurfing est idéal dans ce pays où l'anglais est assez bien maîtrisé. Elle a ėté amusée par la culture smartphone, selfie, jump clic... Sur des îles très isolées, sans réseau elle s'est demandé pourquoi tout le monde avait un smartphone, réponse après quelques jours : pour les selfies. Sur une autre île elle a découvert une installation toute spéciale pour optimiser la réception du réseau : une coupole devant laquelle chacun attend son tour avec son téléphone. Pour ma part cet aspect de la culture m'a plutôt désemparée, pas vraiment amusée. Pour moi le selfie est la seconde pollution touristique visible générée par le tourisme après la bouteille en plastique, alors quand les locaux s'y mettent aussi ...
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DÉVELOPPEMENT TOURISTIQUE
En découvrant les Philippines puis l'indonésie, je me suis rendue compte que le Sri Lanka offrait un tourisme encore assez authentique, avec beaucoup de homestays facilitant la découverte de la culture, par immersion dans une famille et son quotidien. Surprise aux Philippines lorsque j'ai découvert des dortoirs immenses ou au contraire minuscules, avec une vraie optimisation d'espace et une gestion d'entreprise avec beaucoup de personnel.
Arrivée en Indonésie je comprends que je suis cette fois-ci en vrai terrain backpacker avec beaucoup plus de très jeunes touristes.
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