Première étape à Tagaytay, en compagnie espagnole.
Le trajet de bus effectué ne sera absolument pas celui envisagé, et le nombre de bus et jeepney à prendre sera au final bien plus important... Cette fois il faut accepter le jeu pour de bon : ici on ne choisit jamais son chemin ! On ne maîtrise rien, même en demandant à dix personnes on ne parviendra pas à faire émerger une rėponse claire... on aura juste dix réponses différentes. Ainsi lorsque la première version du trajet envisagé intègre une correspondance, il est évident que le programme changera inėvitablement une fois arrivé à la première destination. On conclut que pour tout dėplacement il faut prévoir la journée entière.
Une chose est sûre les Philippins n'attendent pas la fin de la question pour répondre, et lorsqu'ils ne comprennent pas la question ils répondent tout simplement oui...
Très bon exercice de lâcher-prise, une fois qu'on s'est bien épuisé à essayer de comprendre on finit par renoncer et commencer à accepter les règles d'un jeu au départ contrenature.
VOLCAN TAAL à Tagaytay
(4-5 avril)
Tagaytay est seulement à 65 kms de la mégalopole cité qu'on appelle ici métro Manille, c'est la seconde destination touristique des métropolitains. La ville surplombe de 700 mètres le lac Taal et l'île volcanique Vulcano Island, ses points de vue en font le charme.
L'attrait principal des lieux : un lac dans lequel se trouve une île, qui elle même héberge un volcan, qui contient à son tour un lac, et au milieu de ce dernier se trouve une micro-île.
Le volcan serait un des plus petits du monde encore en activité, 311m d'altitude, dernière éruption en 1977 sans dégâts humains mais avec évacuation préventive des riverains qui courent toujours un risque. La dernière éruption meurtrière remonte à 1965 avec 60 kms carré dévastés et trente morts.
Vue plutôt couverte, à laquelle je finis par accéder après une enfilade d'interdictions d'entrer en propriété privée, pour la plupart des hôtels. Le panorama est juste derrière de Starbucks café, atmosphère pas très nature mais plutôt fort business touristique.
Touristes philippins, nombreux à parcourir le pays en cette période, en groupe, en revanche les autres touristes se font beaucoup plus rares surtout les backpackers solitaires, dommage pour moi.
Lendemain, descente endiablée des 700 m, quatre sur un tricycle conducteur compris, conduite sportive, virage en pleine gauche, impression que le side-car va se détâcher dans un virage... bref intense. Arrivée en bas, embarcation pour aller découvrir le cratère et son lac.
Accostage, baignade d'enfants nus.
La petite structure en bambou est ce qui est appelé un pont et implique de payer une taxe, avant de savoir nous avons cherché ce fameux pont sans jamais le trouver... Il s'agit en fait juste d'une petite passerelle pour débarquer et embarquer. On va ensuite s'acquitter d'un droit d'accés.
Nombreux chevaux proposés pour rejoindre le sommet.
Cheval mal en point et enfants.
On croise aussi quelques petits cavaliers à cru.
La population semble ici très pauvre.
Improbable terrain de basket sur l'île, en plein match.
Un bébé.
La route vers le sommet est un chemin de croix.
Au loin le petit cratère que l'on pensait être le volcan abritant le lac.
Lac Taal, ses quelques subtiles remous, et sa micro île.
Différence du niveau de l'eau entre les deux lacs, et petite fumerolle.
Ascension sur un terrain meuble, réduit en poussière par les sabots des nombreux chevaux faisant le parcours, on sue à grosses gouttes et on respire la poussière.
Du point le plus haut, vue sur les boutiques construites avec les moyens du bord. L'arrivée au sommet est du coup un peu désolante.
Toutes les idées et prétextes sont bons pour gagner sa croûte : un petit swing de golf pour laisser une balle perdue à tout jamais dans la nature. Quatre à cinq personnes (dont un transsexuel) surveillent l'arrivée des touristes pour tâcher de vendre le concept... Sans grand succès.
On tente de longer le cratère pour rejoindre les rives du lac mais le chemin est plutôt accidenté, on fera donc demi-tout assez rapidement. On croise un chasseur, des oiseaux attachés par les pattes encore en vie et se dėbatant en voix, et on assiste au montage d'un piège à côté d'un terrier.
Sur le chemin du retour, deux de ces nombreux touristes qui arrivent à cheval, auxquels on a vendu un masque pour ne pas respirer la poussière, et qui débarquent sur des sacs de sable.
Bref je suis plutôt désemparée par la globalité du spectacle, le site n'est aucunement préservé et pas vraiment accessible pour en apprécier le caractère exceptionnel.
Au final contrairement à ce que j'avais pu lire, je n'ai pas trouvé à Tagaytay de fraîcheur, ni d'air pur, ni de traffic plus fluide, mais une ville sans charme où les constructions sont nombreuses et rendent difficile l'accès aux points de vue sur le lac, on y trouve même de gros immeubles visibles du sommet du volcan. On y ėcoute de la musique américaine, on connaît les paroles par cœur, à l'hostel on écoute en boucle et on chante la chanson d'un mini playboy anglophone.
Je prends la route du sud espėrant trouver un autre aspect des Philippines.
LOGISTIQUE
Avant de partir de Tagaytay je me résous à voyager par avion entre les îles, les informations étant réellement rares et pas toujours fiables, et cela étant valable pour les transports terrestres mais aussi navals. Les blogs de voyageurs donnent quelques informations mais rien n'est figé, surtout ici. J'anticipe donc et prends trois billets, mais souci de connexion au moment du paiement pour deux sur trois... à force de patience et de coup de fil tout rentre finalement dans l'ordre le jour suivant.
Le lendemain je prends un jeepney puis un mini-van pour me rendre au terminal de bus ou j'espére trouver un bus de jour pour Legzpi qui se trouve à 10/12 heures de là. Réponse négative, que des bus de nuit, j'attends donc tout l'après-midi.
Bus de nuit ne veut surtout pas dire bus dans lequel on peut dormir, faute de suspensions et pour cause de climatisation règlée à 14 degrès.
Arrivée à 5 heures du matin je trouve un tricycle et un hostel mais il me faut attendre 13h pour avoir un lit... bref finalement je ne vais même par dormir. Des australiens m'offrent le reste d'une bouteille de vin avant de quitter les lieux, et cela me sera fort utile !
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LEGAZPI, dite la princesse du sud - région de Bicol
(6-9 avril)
Je fais étape ici pour trois jours, ce n'est pas l'idée de départ du voyage de trop planifier mais pour avoir les meilleurs tarifs sur les vols internes c'est nécessaire. Je devrai donc remonter à Manille en bus pour rejoindre l'aéroport.
Je pars à la découverte de Légazpi, plus petite et authentique que ce que j'ai pu voir jusque là.
Église et jeepney.
Le mont Mayon domine la ville, et les stands de street food.
Brochettes de porc en ravioli ou pané et frit, intestin de poulet frit.
Expédition jeepney, on paye au conducteur... polyvalent.
Les passagers font passer leur monnaie à leur voisin jusqu'au conducteur.
La structure est basse, il faut se plier en deux pour entrer et sortir, pas simple avec un gros sac à dos. Côté visibilité on ne voit pas trop ce qui se passe dehors, pas idéal pour prendre des repères, mais le folklore est sympa.
Pour demander l'arret taper sur la tole et / ou dire "para", comme en espagne, la langue temoigne de l'heritage coloniale sur quelques mots.
Mon petit guide improvisé qui me fait dėcouvrir l'embarcadéro, ou le quartier du port.
Là aussi le mont Mayon domine.
Rencontre et discussion de coin de rue, en chemin pour la laverie. En résumé un sourire enthousiaste, deux dents, il me dit que je devrais aller plus souvent à l'église, et prend une magnifique pose pour la photo.
Pieux atelier.
Mois de festivité avec le Magayon festival qui a lieu tous les ans. Il célèbre la splendeur du mont Mayon (magayon signifiant beau) et la légende du volcan : la tragique histoire d'amour entre Daragang Magayon et Panganoron dont la mort donna naissance au volcan Mayon.
Animation toute la journée et concerts gratuits les soirs (musique américaine, j'attends toujours d'entendre une première chanson en langage local).
Beaucoup de touristes philippins sont venus pour l'occasion.
Majorettes.
Scène des concerts.
Photo par drone et foule en folie.
Parade quotidienne en musique, avec les personnages de la légende.
A l'occasion du festival, l'hostel est investi par les touristes philippins, il y a de l'animation, on cuisine, on rigole... et le lendemain à 5h45 au petit matin on dėmarre le karaoké, le son au maximum !
Certes il faut grand jour mais mon premier contact avec le sport national est un peu violent (comme dirait les inconnus "j'ai beau être matinal, j'ai mal"). Le philippin qui partage ma chambre s'exclame quand même devant moi en disant que c'est trop tôt pour ça !
Intriguée je cherche l'origine et trouve les chanteurs sur la terrasse du toit de l'hotel.
LE MONT MAYON
2463 m d'altitude, 5 km de diamètre, un volcan reconnu pour son dôme parfait, ce qui lui vaudrait le titre de plus beau volcan du monde. Il libère en permanence des vapeurs de souffre.
Dernière éruption en 2009 avec 35.000 personnes évaquées.
Les trecks proposés se font sur deux jours, du coup je n'en ai pas le temps.
Le jour de mon approche le temps est couvert et la pluie au rendez-vous.
Vue couverte, et culture locale.
Je m'aventure sur un chemin.
L'approche n'est pas aisée au milieu des rizières, marécages, cours d'eau et canaux s'irrigation coupant le chemin... mais je ne veux pas louer de quad, je me contenterai donc d'une vue plus lointaine.
Rizière et habitation.
Révolte du riz.
Un petit coin de bleu mais le sommet du volcan reste caché.
Cours d'eau et entretien de l'alimentation des canaux d'irrigation des rizières.
Travail sans fin...
J'arrive par une voie inattendue au site historique du volcan, à Daraga où l'église Cagsawa a été détruite par l'éruption de 1814, 1.200 morts et 73.000 évacués. Le cloché de l'église est toujours debout.
Certains se spécialisent même comme guide photographe, et ne manquent pas d'imagination pour faire poser toute la famille, toute génération confondue.
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A 1h30 de Legazpi, j'approche une première côté et vraie plage des Philippines.
Le lieu est réputé pour la venue des requins baleines, et c'est justement la saison.
On revendique une certaine déontologie, mais à priori pas vraiment respectée selon le mail de mes amis espagnols.
Cependant lorsque l'on voyage seule on n'est pas assurée de trouver des personnes pour partager les frais d'embarcation d'un bateau six places... mauvais timing et j'apprends que le dernier bus part à 16h ce qui est très tôt. Bref je renonce à l'expérience.
Je me promène aux abords du terminal de bus, car un mini-van ne part que lorsqu'il est complet... on attend la venue du dernier passager, durée d'attente donc non déterminée.
Habitations sur piloti.
Étalage du riz pour sèchage, râteau dans une main et parapluie dans l'autre.
Église.
Je sympathise avec le tricycle qui m'a déposée.
Toute discussion commence toujours par le même interrogatoire : are you alone ? are you married ?
Jeepney, terrain d'expression, lapin Playboy et drapeau français.
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19h terminal de bus.
En route pour Manille pour 10h de bus de nuit agitées, emmitouflée dans mon gore tex pour affronter la climatisation et ses 14 petits degrés.
5h du matin arrivée au terminal de bus de Manille, puis taxi pour l'aéroport car Manille est une des rares villes au monde où il n'existe aucun service de navette pour se rendre à l'aéroport, ça en dit long sur les transports ici... De là je dois attendre mon vol de 14h, mais par chance on me bascule sur celui de 9h. Pas super fraîche je manque de vigilance et dois laisser mon couteau suisse au contrôle des bagages à main... une denrée rare qui bien me manquer.
Au revoir Manille, je vais survoler des îles de toutes les tailles, des eaux turquoises et autres nuances de bleu.
Direction les îles Visayas l'île de Negros et Dumaguete, 1h20 de vol, alternative à peut être bien deux à trois jours de bus et bateaux.
Arrivée à destination je prends illico la direction du port pour traverser jusqu'à la petite île de Siquijor.
Embarquement dans mon premier bateau.
Les coqs sont au RDV, je verrais plus tard qu'ils le sont aussi dans les aéroports pour les vols intérieurs. Les combats de coq sont ici très répandus, généralement le dimanche, mais les femmes n'y sont pas les bienvenues.
Après 20h de voyage j'arrive épuisée, mais dans un tout autre décor... qui saura peut-être enfin me réconcilier avec les Philippines.
Salut Emilie, cela faisait quelques semaines que je n'avais pas "pris" de tes nouvelles, du coup, j'ai fais une bonne séance de rattrapage.
RépondreSupprimerGrosses bises et à bientôt.